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The King of Shenanigans

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Partie Quatre - Chute d'EtoileLe Complot des Flots Peut-être aurez-vous du mal à le croire, honorables lecteurs. Peut-être que cela vous semble fou, stupide et impensable de vaincre et de faire fuir un monstre aussi dangereux avec juste une histoire … mais c’est bien ce qu’il advint. Peut-être n’aurions-nous pas été capable d’accomplir ce que l’histoire racontait, mais les talents associés de ces trois Dieux et la force de la conviction des mortels qu’ils guidaient ainsi que ceux des villages de la région chez qui la légende se répandit également furent suffisants pour que le doute soit assez fort et qu’elle choisisse de ne pas le vérifier.Ainsi, après le succès de la légende de la Princesse et l’unification face à l’adversité, l’installation des émigrés se fit sans difficultés, sans heurts ni conflits. Bien sur il y avait d’autre puissance dans les environs avec qui il fallut soit transiger, soit … faire mon travail.Heureusement, il n’y eut que très peu de menaces mineures à écarter et encore moins à éliminer. Et après leur succès et la vénération qu’ils reçurent, les trois se firent très clairs quant à leurs positions de dirigeants, mais ils accueillirent les quelques divinités mineurs de la zone dans leur cité naissante, évitant ainsi tout débordement contestataire divin.Les rumeurs aidant, cette nouvelle cité où Dieux et mortels vivaient en harmonie et où les sang-mêlés étaient les bienvenus, se développa rapidement. Grand Fourche passa du campement de fortune à la cité aux maisons de pierre et de bois en moins de cinq ans. Trente ans après sa fondation, alors que sur l’Île Bénie, la dynastie Écarlate s’apprêtait à fêter les trois siècles d’existence du Royaume, la population de Grand Fourche avait presque doublé, atteignant les dix mille âmes.Pendant ces trente années, avec l’accord des trois, j’ai commencé à vivre deux vies. Même s’il n’y avait plus vraiment personne pour la nommer, Calibration existait encore et au besoin, poursuivant sa surveillance et ses traques des êtres des ténèbres, mais uniquement pour la cité de Grand Fourche. Et d’un autre côté, représentant une part de plus en plus grande de mon temps, j’étais devenu Chute d’étoiles Bénie, Bibliothécaire et l’un des maîtres d’école, pour les premières générations natives de la nouvelle cité, dans la naissante Maison de l’Apprentissage, temple du savoir et future université de la ville.En dehors de mes heures de travail ou lorsque je redevenais Calibration, j’appris progressivement à dompter mon autre facette et à la faire mienne en me basant sur mon expérience lors de la fin de Semaden. J’étais maintenant capable de devenir pleinement le démon que j’étais, sans perdre conscience ni être contrôlée par mes instincts … mais pas plus d’une heure ou deux. Et malgré les durées courtes que cela représentait, mises bout-à-bout sur trois décennies, ma grossesse avait avancé de façon significative. En comparant aux autres femmes, j’estimais être à l’équivalent de cinq mois … et c’est là que les choses se compliquèrent un peu.Je n’y avais prêté garde trente ans auparavant, car mon ventre se voyait à peine, mais cela devint plus clair progressivement … une partie de moi ne se transformait pas lorsque je changeais de sexe. Je dus réarranger progressivement mon moi masculin pour donner l’impression de prendre du poids en vieillissant, mais lorsque j’atteins ce cap des cinq mois, je devins incapable de devenir mâle, peu importe la forme que je prenais. Chute d’étoiles Bénie, premier du nom, dut donc prendre une retraite bien méritée de son poste de recteur, un peu en catastrophe. Quelque part ce problème inattendu ne tomba pas totalement mal, car des agents des Trois et du conseil des ministres leur avait rapporté la présence de Dynastes ayant posés des questions troublantes. Malgré les trois tentatives échouées du Royaume pour envahir et conquérir la Province des Rivières, il n’était pas rare de voir des Dynastes, seuls ou en petits groupes, venus commercer ou s’encanailler dans les terres du Seuil, après tout le troisième et dernier essai remontait maintenant à deux siècles.Mais les informations rapportées laissaient sous entendre la possibilité d’une nouvelle tentative et cette fois beaucoup plus discrète. Normalement l’information aurait dû être envoyée à Lookshy, qui avait pris le rôle de défenseur de la Province de facto après l’avoir sauvé trois fois du Royaume. Mais une information sans certitude absolue et sans preuve risquait de passer pour une tentative d’une petite cité de tirer la couverture à elle. Il fallait du tangible. Calibration pris donc du service et je me suis lancée sur les traces de ces envahisseurs pas si discrets que ça.Même étant fraîches, les pistes furent peu concluantes et très étranges. Ils semblaient chercher des biens exotiques provenant des forêts profondes … venant d’endroits baignant dans les énergies du Kaos. Ils n’étaient pas regardants sur la nature des produits tant qu’ils venaient de là-bas. Je ne voyais pas ce qu’ils voulaient en faire, et surtout pourquoi venir ici chercher ce genre de choses ? N’avaient-ils pas accès par leurs Satrapies, les régions du Seuil qu’ils avaient soumis à leur autorité, à ce genre de chose ? Après-tout le Kaos était présent partout autour de Création, pas juste dans l’Est.Une seule piste me parut assez différente et inquiétante pour que je m’y attarde. Un batelier les avait entendus discuter. Malheureusement pour eux et heureusement pour moi, il connaissait quelques bribes de Haut Royaume, la langue des Dynastes. Il m’apprit que ces personnes étaient apparemment de la maison Iselsi et étaient arrivées par un navire en provenance directe de Nexus … et qu’ils l’avaient repris en sens inverse quelques jours plus tard. Iselsi et Nexus … voilà un mélange qui ne me plaisait guère. Dans les bas-fonds de Nexus et parmi les traqueurs la rumeur circulait que les Iselsi étaient ceux qui dirigeaient le service d’espionnage de l’Impératrice ? Et Nexus … eh bien c’était Nexus. Ce serait donc ma prochaine destination et par Luna, je n’avais vraiment pas envie d’y remettre les pieds. Je me rendis donc à Nexus à reculons. J’y avais laissé mon cœur après qu’il s’y fut brisé une fois de plus et j’avais fui autant de souffrance que de panique à cause des méfaits que ma facette démoniaque y avait commis. Certes trente ans avaient passé, mais je ne pouvais empêcher une pointe froide d’inquiétude me titiller la nuque.Une fois sur place j’essayais d’altérer suffisamment mon apparence pour que personne ne me reconnaisse. La plupart de mes anciens collègues étaient sans doute morts de vieillesse pour certain, de façon violente pour le gros des autres, mais je préférais ne pas prendre de risque. Les vieilles habitudes remontèrent assez vite et je me mis en chasse dans les ombres de la ville.Le temps de retrouver mes repères, graisser des pattes et éviter les force de l’ordre après avoir posé des questions un peu brutalement, il me fallut pas loin de deux mois pour arriver à mettre la main sur ces gougnafiers. Autant ils avaient manqué de discrétion à Grand Fourche, autant ici c’était une toute autre histoire … ce fut également amusant de voir à quel point les gens se méfient moins d’une femme enceinte. J’ai alors commencé ma surveillance pour obtenir enfin les preuves formelles que les Trois et les ministres de Grand Fourche voulaient pour leur rapport à Lookshy.Les choses auraient pu être parfaites, mais une discussion qu’ils échangèrent entre eux me fit changer mes plans d’une façon qui n’aurait sûrement pas plu à des employeurs, mais je travaillais ‘’avec’’, pas ‘’pour’’.« Où en son les préparatifs sur l’Île Bénie ? demanda l’un d’entre eux– Ils n’attendent plus votre choix de méthode et le début des hostilités, répondit un second– Parfait. Lorsque tous auront les yeux tournés vers ces terres de charognards nous pourrons porter le coup fatal à l’Impératrice, exulta le premier– Mais l’arme sera-t-elle suffisante ? Est-on sûr qu’il pourra tuer cette sorcière ? Intervint un troisième.– D’après ce fou elle pourrait tuer l’Émissaire en personne. Mais je préfère voir de mes yeux ce qu’elle fera à ce démon qu’il appellera ce soir. Si l’essai est concluant, nous transférerons l’arme au Palais Écarlate dès demain Sinon, nous nous en tiendrons au premier plan … tant pis pour les dommages collatéraux. »Tuer l’Impératrice … ils voulaient utiliser une arme mise au point ici pour tuer Kagaya. Par les Dieux. Que devais-je faire ? Elle et sa Dynastie s’étaient déclarés protecteurs de Création. Mais cette protection ils l’imposaient de force et leur Chasse Sauvage traquait et tuait les anathèmes. Elle était donc mon ennemie … mais je n’arrivais pas à chasser de ma tête les souvenirs de celle que j’avais connu si brièvement et si intensément.Et il y avait cette histoire de démon … quelqu’un allait invoquer un démon aux abords de la ville demain soir … Nexus n’était plus ma cité, mais protéger les mortels restait ma mission. Je pris donc la décision de les suivre. Mon choix concernant mon amie d’autrefois attendrait.Un Vent de Folie Lorsqu’ils sortirent avant la tombée de la nuit pour aller à leur fameux rendez-vous, je me lançais discrètement sur leurs traces. Une fois encore je ne pus qu’admirer leur maîtrise du déplacement effacé. Je ne savais pas quels idiots de seconde zone ils avaient envoyé à Grand Fourche, mais si c’étaient eux en personne qui étaient venus, nous n’en aurions probablement jamais rien su … et cela m’inquiéta grandement … il faudrait que j’en parle aux ministres.Au bout d’un moment, toujours sans comprendre la finalité, j’entrevis un lien avec ce qu’ils étaient venu chercher chez nous. Plus nous avancions, plus il devenait évident du ‘’quartier’’ vers lequel nous nous dirigions … les Feux Errants. Ce qu’il restait de la partie de Hollow dont j’avais contemplé le ravage par le seigneur fae trois cents ans auparavant et où le Kaos était encore très présent et dangereux.Une fois dans cet endroit où le silence autant que le bruit pouvait signifier la mort, ils se sont faufilés entre ruines et débris jusqu’à un bâtiment massif dont seul le rez-de-chaussée avait survécu. Provenant de l’intérieur une voix me parvint aux oreilles et derrière, plus ténu, des gémissements et des miaulements. Que se passait-il la dedans ?J’eus assez vite la réponse lorsque nous nous enfonçâmes dans le bâtiment, puis dans le sous-sol du bâtiment. Ce qui devait être une zone d’entreposage avait été transformé en un vaste laboratoire … un laboratoire dirigé par un fou. Tout n’était que bric-à-brac entreposé le long des murs et dans les recoins. Livres et parchemins, fioles et bouteilles contenant des animaux ou des morceaux humains, matériaux exotique ou putride. Tout rayonnait d’énergie Kaotique. Lorsque je vis tout cela, avant même d’aller plus loin ou que tout autres actions ou décisions soient prises, je savais que je tuerais cet aliéné.Je crois que ce qui m’a retenu assez longtemps pour que je dusse surseoir à mon désir d’action fut la cage. Dans le recoin le plus sombre se trouvait une cage, qui s’avérait être la source des miaulements et des gémissements que j’avais entendus. Les yeux que j’ai croisés à ce moment-là, luisant dans le peu de lumière qui parvenait jusqu’à eux, me firent tant de peine que des larmes montèrent aux miens. Deux yeux félins dans lesquels brillait une intelligence humaine … et dégageant une tristesse et une terreur insondable.Mais autre chose captura définitivement mon attention. Au centre de l’espace dégagé, un cercle d’invocation devant lequel se tenait le propriétaire des lieux en train de psalmodier … pourquoi ce savoir avait-il survécu alors que tant de choses plus utile avaient disparu ? Je dus faire un effort pour éviter de gronder ou de grincer des dents, car sous mes yeux se trouvait la même folie que ce que j’avais utilisé. Un rite thaumaturgique d’appel de démon de second cercle. Ce malade voulait appeler un Citoyen !Et soudain tout parti à vau-l’eau. Après autant de temps passer à côtoyer puis à chasser les démons, à apprendre tout ce que je pouvais sur Malféas, il me fallait peu de temps pour analyser un cercle et ses composants ainsi que la prière, même partielle. Je vous laisse deviner qui ce malade avait prévu d’appeler pour son test … et j’ai perdu la raison. Je ne détaillerais pas ce qui suivit pour ne pas vous choquer et parce que je ne m’en souviens pas vraiment, mais lorsque je compris que le démon qui allait être appelé était … lui. La répulsion, l’horreur et la peur m’envahirent et … j’ai succombé à une rage lunaire. Je les ai totalement pris par surprise et les ai massacrés.Lorsque j’ai repris mes esprits, j’étais à l’extérieur sous le ciel de cette nuit de nouvelle lune et à mes pieds gisait l’un des trois Dynastes. Une lueur argentée illuminant les ruines aux alentours se dégageait de moi et je savais que si je luisais ainsi c’est que j’avais puisé dans mes réserves d’essence. Quant au Dynaste il était mort, la gorge ouverte et le goût de son sang emplissait ma bouche et je sentais sa présence en moi … je l’avais chassé et assimilé.J’avais merdé. Et merdé violemment ! Une fois mon rayonnement calmé, je me suis précipité vers le laboratoire leur planque en ville. Si l’un d’entre eux avait survécu et avait fui là-bas, tout était fini.Sur place, les autres Dynastes restés derrière étaient toujours là. Fatigués, mais en attente du retour de leurs comparses. J’ai alors tenté le tout pour le tout. Je pris la forme que je venais de voler. Bien sur je fus contrainte à son miroir féminin, comme pour toutes mes autres formes, mais je pris le pari de la pénombre de leur planque et j’essayais d’altérer mes traits au maximum pour avoir un visage ressemblant à l’original masculin. Étant toujours couverte de sang, je suis entrée en panique, disant que les choses avaient mal tourné et que les autres étaient morts, tués par l’arme en même temps que son créateur, puis faignant l’évanouissement, je m’effondrais sur moi-même de manière à cacher mon ventre.Luna m’entendit sûrement, car non seulement l’effet de surprise de mon plan ‘’à l’arrache’’ fonctionna, mais la panique fut suffisante pour qu’ils perdent assez les pédale pour lâcher ce dont j’avais besoin. Les troupes attendaient à Chute Grise et au large de Port Calin. Ne prenant pas de risque supplémentaires, je restais suffisamment longtemps pour donner le change, puis leur faussait discrètement compagnie dans le tumulte de leur précipitation pour ramasser leurs affaires et détruire ce qui devait l’être.Il ne me restait plus qu’à envoyer un rapport rapidement. Ils allaient comprendre qu’ils s’étaient fait avoir et ils risquaient de précipiter les choses pour éviter une contre-attaque. Mais je devais attendre avant de lancer un nouveau sortilège sous peine de me remettre à luire comme si la pleine lune était descendue dans la rue. Si je voulais agir vite, autant me cacher. Je décidais donc de retourner au laboratoire pour pouvoir briller loin de tout regard si nécessaire et voir si je pouvais trouver quoi que ce soit sur des gens travaillant ou marchandant avec ce fou. Une fois revenue précautionneusement au laboratoire, je vis les trace de mon œuvre. Du sang et des papillons d’obsidienne jonchant le sol … Dieux. Je les avais attaqués par surprise avec un sort fait pour hacher menu des bataillons entier ? Eh bien, ça allait aider dans la recherche d’information ça tient.Bon, j’avais un rapport à envoyer et il faisait trop noir pour voir correctement. Décidant de faire les deux en un, j’envoyais mon messager infaillible à Dayshield et je me remis à briller. Évitant alors les morceaux de corps et les papillons aux ailes tranchantes comme des rasoirs, je me mis à explorer ce qu’il restait du laboratoire.Toutes les preuves s’orientaient dans un sens unique … en particulier une. Dieux que je m’en suis voulu de l’avoir oublié.Là. Au fond de la cage, recroquevillée sur elle-même dans une flaque d’urine. Une enfant tremblait de tout son être les mains plaquées sur le visage ruisselant de larmes, essayant de faire le moins de bruit possible. Sous ma lumière je pus voir celle que j’avais failli massacré injustement avec les autres. Un pelage fin sur tout le corps et des pieds digitigrades. Elle avait une longue queue touffue, pour le moment toute crottée et serrée contre elle, de laquelle partait un pelage plus dense qui remontait le long de son échine pour finir en une couronne touffue autour du cou. Et plaquées contre son crane qui semblait de forme humaine, deux oreilles pointues … un chat. Elle avait l’air d’avoir une bonne dizaine d’année, mais ce qui m’étonnait le plus c’est qu’elle avait l’air trop humaine pour être une homme-bête.Je ne savais pas si et comment elle m’avait vu. Mais vu les traces sur les corps qui n’avaient pas été faites par les papillons, ses frissons de terreur et l’urine … il y avait de fortes chances pour qu’elle ait vu ma forme de guerre. Le mélange de la culpabilité et des hormones me fit complètement craquer pour cette pauvre petite chose et après avoir fracturé le verrou, j’ai tendu lentement une main vers elle.Quitte à déjà briller, je mis toutes les chances de mon côté en utilisant les charmes que j’avais appris ces trente dernières années en tant que professeur.« Ça va aller ma puce. Les méchants hommes et le monstre sont partis. Je ne te ferais aucun mal »Malgré les tremblements et les gémissements qui reprirent, elle écarta les doigts pour jeter un œil sur l’origine de la voix si douce.« Je suis Calibration. Quel est ton nom ma chérie ?– Ko..Ko..Ko…Koneko. Je Koneko.– Tout va bien Koneko. Je ne te ferais pas de mal, personne ne te fera de mal. Je te le promets. J’ai chassé les méchants … je ne laisserai jamais plus quelqu’un te faire du mal »Je ne sais pas ce qu’il m’a pris lorsque j’ai dit cette dernière phrase, mais en tout cas j’avais l’air assez convaincue et convaincante pour que la petite Koneko s’avance vers moi toute tremblotante et finisse par se jeter contre moi en m’agrippant de toutes ses forces et en lâchant un sanglot qui me brisa le cœur. Et même si j’avais dit ça sans réfléchir, j’avais bien l’intention de protéger coûte que coûte cette petite chose me rappelant de bien mauvais souvenirs.Koneko Ah Koneko, mon petit chaton. De toutes les actions que j’ai pu faire durant ma longue vie. Sortir cette enfant de cet enfer fut l’une de celles que je considérerais toujours fondamentalement comme l’une dont je suis fière.Après l’avoir sortie de sa cage et avoir envoyé un messager des vents à Kagaya pour la prévenir de l’attentat contre elle que préparaient les Iselsi, j’ai tout simplement pris la direction de Grand Fourche … Oui j’ai prévenu Kagaya. On va dire en mémoire des bons moments et de la dette que j’avais envers elle. Peut-être est-ce la mauvaise action qui contrebalança le sauvetage de Koneko.De son temps de captivité, la seule chose de positive que ce monstre avait fait envers elle, c’est qu’il l’avait bien nourri. Un cobaye n’est utile que vivant et assez résistant pour survivre aux expériences. Car c’est ce qu’elle était.Le trajet retour à sa vitesse fut assez long, car passant le plus clair de son temps en cage et ses jambes étaient fortement affaiblies. Je mis donc ce temps à profit pour avoir tout le loisir de la laver, l’habiller, apprendre à la connaître et surtout la chouchouter. Ses premiers mots furent hésitants, comme lorsque j’avais ouvert la cage, mais suffisant pour apprendre son histoire et me dégoûter davantage sur la nature de certain mortels.Koneko était une enfant née dans le quartier des indigents, le faubourg de Nexus et proche des Feux Errants. Ses parents l’avaient vendu contre quelques dinars d’argent peu après que ses premières dents de lait ne commencent à tomber. Elle avait fui la maison de ceux qui l’avaient acheté à la première occasion pour revenir vers sa famille, mais le thaumaturge l’avait capturé alors qu’elle était presque arrivée et l’avait enfermé dans son laboratoire.Vous l’avez compris, Koneko était née humaine. Son “maître” était obsédé par le Kaos et pratiquait toutes sortes d’expériences pour chercher à comprendre cette force… quel fou.Malheureusement pour elle, il avait décidé de mettre en pratique ses hypothèses en pratiquant de l’expérimentation humaine… Et Koneko fut son cobaye. C’est après tortures physiques et psychologiques, ainsi qu’expositions répétées aux flux kaotiques que de mutations en mutations elle était devenue ce qu’elle était maintenant. Pire encore, son esprit avait souffert également. Ce que je pris au début pour un possible retard de développement dû à ses origines ou un traumatisme de ce qu’elle avait vécu était en fait une dégénérescence … ce qu’elle avait subi avait érodé son humanité pour lentement la faire basculer vers l’animal.Comment ? Comment une personne, un humain, pouvait faire subir de telles horreurs à une enfant. La priver ainsi de sa liberté et de son humanité. Par Luna… en voilà un que j’étais sincèrement contente d’avoir retiré de la face du monde. Koneko était une enfant adorable. Sa gentillesse et sa peur constante d’être abandonnée en faisait une enfant attachée et attachante. Peut-être les plus cyniques d’entre vous ou ceux partageant la vision de mépris et d’infériorité des hommes-bêtes bien trop fréquente à mon époque, diront que je m’étais trouvé un animal de compagnie, mais l’intelligence de Koneko était bien trop douloureusement humaine pour risquer de la confondre ne serais-ce qu’un instant avec un chat domestique.Pire, contrairement a ce que son phrasé et sa façon plus instinctive de voir et de vivre les choses aurait pu laisser croire, elle était d’une intelligence peu commune. Sa soif d’apprendre était aussi démesurée que son impatience et avec une éducation à refaire, voir à faire, ce ne fut pas une mince affaire.Un autre problème majeur survint très vite. Je ne voulais pas l’exposer au risque d’être maltraitée, calomniée ou insultée. S’installer en ville était donc impossible, mais il y avait pléthore de place aux alentours. Je me dis alors que l’endroit où je m’étais parfois retirée pour apprendre à être Zetsubō, une cabane que j’avais bâtie sur une colline de l’autre côté du fleuve, serait l’endroit idéal. Suffisamment loin et à l’écart pour être tranquille avec une vue imprenable sur la cité de Grand Fourche et assez proche pour pouvoir être contactée en cas de besoin par les autorités … mais avant même que nous arrivions à Grand Fourche, Koneko s’effondra, terrassée par la réalité.Les mutations à répétition qu’elle avait subi étaient telles que la réalité la rejetait. Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ? Je lui aurais épargné ces jours de souffrance. En tout cas dès que j’ai compris ce qu’il lui arrivait j’ai changé mes plans, mais comme l’exposer à plus de Kaos n’était pas l’idée la plus lumineuse, je pris la décision de la transporter en urgence dans un Domaine de puissance naturel. Ces lieux ne sont pas kaotique, mais l’énergie élémentaire brute qui s’y concentre protège les êtres kaotiques de la dégénérescence.Son sauvetage accompli, il ne me restait plus qu’à aménager l’endroit. Vivre dans un domaine n’était pas un problème en ce qui me concernait et j’avais appris depuis que l’enfant en moi était protégé des énergies brutes des Domaines ou du Kaos tant que je le portais. Bien sur c’était plus loin de la ville que prévu et cela ne fut pas du goût des trois … mais je n’en avais que faire. Les années que je passais avec elle furent pour moi, absolument merveilleuses. Je lui appris tout ce qu’une personne éduquée devait savoir comme rester habillée par exemple, mais aussi de nombreuses choses sur sa nature et le Kaos … et lui racontait peut-être un peu trop d’histoires sur la traque, au point qu’elle finit par vouloir m’accompagner lors de mes chasses.Vous imaginez bien que j’ai refusé … et vous imaginez bien qu’elle m’a désobéi. Cette idiote m’a suivi et a failli servir de casse-croûte à la créature que le conseil des ministres m’avait demandé d’abattre. À partir de là, je lui ai enseigné les bases de la traque. Quitte à ce qu’elle me suive, autant qu’elle sache quoi faire pour survivre, non ? Et si elle m’avait suivi sans que je m’en rende compte, c’est qu’elle avait un talent inné hors norme.Notre vie fut ma foi assez simple et tranquille la plupart du temps et les années passèrent trop vite à mes yeux. Notre relation évolua aussi sous une forme étrange de presque famille. Pour moi elle était ma puce, ma chérie ou chaton la plupart du temps et Koneko lorsque je me voulais sérieuse ou qu’elle avait fait une bêtise. Pour elle j’étais Cal, Tata-Cal ou juste Tata et lorsqu’elle était fâchée j’étais Tante Calibration. Et vu le mal qu’elle avait à prononcer mon nom, elle ne le faisait vraiment que pour de bonnes raisons.Peut-être est-ce la proximité permanente et l’étrangeté de notre relation qui fit que je ne vis pas les signes, que je n’ai pas voulu voir le problème. Toujours est-il qu’en revenant de Grand Fourche après y avoir acheté ce que la nature ne pouvait nous fournir … alors que j’arrivais à l’endroit où Koneko m’attendait comme toujours, pour pouvoir admirer la ville de loin, je l’ai trouvé inconsciente dans une mare de sang. Aucune plaie apparente, pas de signe d’agression. Le sang semblait couler de tous ses orifices et même de ses yeux. C’est là que je compris … Création était en train de la tuer.Graine de Kaos Lorsque je la découvris ainsi … peur, panique et désespoir m’envahirent. Mais je devais réagir vite. Pas le temps de se lamenter, de s’enrager ni même d’essayer de lui procurer des soins. Il fallait que je la ramène chez nous immédiatement ou elle mourrait avant même que j’ai pu faire quoi que ce soit. Faisant fit de tout, j’utilisais la sorcellerie pour la déplacer plus vite que je n’aurais pu le faire autrement.Par chance j’étais revenu assez tôt de Grand Fourche et je parvins miraculeusement à la ramener dans notre Domaine avant qu’elle ne meure … ce fut vraiment limite.Après la remarque cinglante de Dayshield quarante ans plus tôt, pointant du doigt ma méconnaissance des soins, j’avais appris la médecine et l’art des apothicaires. Mais si le retour dans le Domaine avait stoppé le processus, les dégâts déjà existants allaient devoir être traités et les dommages étaient majoritairement internes.Voir mon petit chaton dans cet état était insupportable et ne voulant pas prendre le moindre risque je fis appel à ce que je maîtrisais … les démons. Le soir venu j’invoquais un Sesselja, un démon pouvant réparer et soigner l’intérieur d’une personne. Il accomplit sa tâche comme ordonné, mais lorsqu’il me donna le compte rendu de ce qu’il avait fait et vu, mon sang se glaça.Pourquoi avais-je refusé de le voir ? Le bain régulier et l’habillement furent les leçons les plus compliquées à lui faire accepter. Même aujourd’hui, alors qu’elle était habillée presque tous les jours, il y avait encore des moments ou elle passait la journée nue. Je l’avais donc vu changer … ou ne l’avais-je pas vu justement.Et il était pourtant évident que quelque chose clochait. Voilà presque dix ans que j’avais sauvé Koneko et on ne lui aurait pas donné plus de quinze ans alors qu’elle avait atteint la vingtaine. Pourtant elle était mature, elle avait déjà eu ses chaleurs … oui, oui, chaleurs. Et croyez-moi, ce n’est pas simple de gérer une adolescente en chaleur aussi furtive qu’un chat et qui connaît les bases du métier de traqueur.Mais si j’étais sincère avec moi-même, n’était-il pas clair que ces cinq ou six dernières années elle ne s’était pas développé d’un poil ? Pourtant en la regardant bien sa part féline avait envahi ses traits, ne laissant d’humain que sa bouche et son menton. Il y avait même ces quatre petits mamelons supplémentaires qui s’étaient formés et pour lesquels j’avais dû modifier certain de ces habits.Quant à son phrasé et sa mentalité … j’en avais tellement pris l’habitude et nous parvenions à communiquer par gestes et par le regard à cause de son apprentissage de la traque … je n’avais pas vraiment fait attention que son élocution s’était dégradée. Pourquoi ? Pourquoi n’avais-je rien vu ?Pourtant la réponse était simple … parce que lorsque les signes se sont accumulés j’avais compris ce qu’il adviendrait et que je n’y pourrais rien. Alors je me suis menti, je lui ai menti et j’ai tout fait pour qu’elle puisse profiter de sa vie … le temps qu’elle dure. Mais le Sesselja m’avait mis le nez dans ma merde.Elle avait tellement été soumise au Kaos sous forme diverses et variées, injection, ingestion, insertion et bien sur la forme la plus brute, les Feux Errant eux-mêmes. Le Kaos la rongeait comme un cancer, s’infiltrant dans les moindres recoins de son être et la changeant peu à peu. Lorsque je l’ai sortie de sa cage elle ne tenait pas plus de quelques mois à l’extérieur. Maintenant elle ne tenait que quelques jours. Bientôt le Domaine ne serait plus suffisant.Lorsqu’elle se réveilla et me vit en larme, elle fit tout son possible pour me consoler alors que son corps la faisait gémir de douleur à chaque mouvement … Pourquoi ? Ô Luna. Pourquoi un être aussi tendre et aussi compatissant devait subir un tel sort ? Et ce débris de l’humanité, pourquoi avait-il fallu qu’il meure aussi rapidement ? Si seulement j’avais su tout cela avant … je lui aurai fait souhaiter la mort.Mais pour le moment, seul Koneko m’importait. Quelque temps plus tard, une fois calmée et elle remise des dommages subi, je l’ai prise entre quatre yeux et avec une boule lourde et aigre dans la gorge et sur le cœur, je lui ai expliqué ce qu’il s’était passé et ce qu’il allait advenir. Je vis des larmes dans ses yeux, mais son visage se durcit un instant avant de me regarder et de me sourire. Son choix était fait. Après cela, nous nous somme retranché dans le Domaine. Koneko ne pouvant presque plus sortir, il était donc hors de question de la laisser seule pour aller traquer le mal et je devais faire très attention aux cycles de ses chaleurs pour l’empêcher par tous les moyens d’aller traquer le mâle. Sa joie de vivre permanente avait pris un coup, mais elle faisait de son mieux pour rester égale à elle-même et si j’ai réussi à sourire pendant les cinq années qui suivirent, c’est uniquement grâce à elle.Ayant ouvert les yeux et faisant attention au moindre détail, au moindre changement je ne pus que remarquer la dégradation de sa personnalité. De plus en plus souvent il lui arrivait de faire sa toilette comme un animal. Parfois c’était les mots qui ne sortaient plus de sa bouche comme des sons articulés, mais comme des couinements et des miaulements. Et le pire est que souvent elle s’en rendait compte … et me lançait un regard d’excuse. Comme si elle avait à s’excuser de quoi que ce soit.Puis … alors que je venais de lui fêter son anniversaire, décrété par elle-même comme le jour où je l’ai libéré, au lieu de se serrer contre moi comme d’habitude après mon bisou, elle me dit en me regardant tristement : « Tata-Cal. Aide je. Je perdre la tête. Je plus animal que humain.– Mais non ma chérie. Tu parles très bien. Je n’ai aucun …– Mia-entir pas bien. Je sais, je sens. Pensées différentes. Instincts plus idées. Je fais, pas réfléchir … plus réfléchir– Je … je suis désolée mon cœur. J’ai cherché partout, mais personne ne sait. Le Kaos … les gens ne savent pas comment le combattre, comment le guérir.– Je sais. Je vois Tata beaucoup lire et après beaucoup pleurer. Miiais Tata toujours aider, toujours soigner, donner manger. Raconter histoires et faire aventure avec Koneko. Tata toujours, toujours là et veiller Koneko.– Je te l’ai promis Je serais toujours là pour toi. Je n’ai pas encore tout essayé. Si j’arrive à mettre la main sur un Raksha je pourrai l’obliger à …– Tata. Pas de temps. Je sais, je sens … tous les jours instinct dit moi, plus penser, plus penser. Mange, attaque … cacher. Instinct peur de Tata. Tata prédateur.– Koneko, non. Tu sais bien que je ne te ferai jamais de mal. Pas à toi. Jamais !– Je savoir. Toi sauver et faire grandir Koneko. Instinct idiot, peur. Miiia-mais Koneko pas vouloir ça. Pas être animal. Pas attaquer gens. Pas attaquer Tata. Finir avant.– Que … qu’est-ce que tu veux dire ?– Je … Koneko … RAAAH ! » s’écria-t-elle alors en larme, excédée par sa difficulté à exprimer ce qu’elle voulait. J’essayais de la prendre dans mes bras, mais elle refusa. Puis, respirant profondément et lentement elle reprit en se concentrant sur chaque mot.« Je.. ne.. veux.. pas.. devenir.. animal. Je.. veux.. mourir.. humaine.– Non. Tu … je … non. Je t’en pris. Il y a encore un moyen c’est sur, bafouillais-je– Pas.. le.. temps. Mon.. esprit.. s’éteint. Pitié.. Tata. Aide.. moi. Me supplia-t-elle me prenant mes mains dans les siennes.– Tu ne peux pas me demander ça. Je t’en supplie, tout mais pas ça.– Tata-Cal manger moi. Comme vilain homme autrefois. Manger moi et devenir moi. Moi toujours avec Tata-Cal comme Tata Brume »Je la regardais, horrifié. Je n’avais pas partagé avec elle ce moment terrible mais cher à mon cœur pour que les choses tournent ainsi. Ne se rendait-elle pas compte de ce qu’elle me demandait ?Mais avais-je le droit de la laisser perdre toute conscience, toute humanité en sachant qu’elle s’en rendait totalement compte ?Mais elle représentait trop pour moi. Conserver une part d’elle en moi comme je l’avais fait avec Brume, oui. Mais mettre un terme à sa vie de mes propres mains … Je … non … impossible.« Tata promettre Koneko jamais avoir mal encore. Mais Koneko mal. Mal dans cœur, mal dans tête. Pitié. Pas comme ça. Si.. mon.. esprit.. s’efface.. j’oublierai..tout. J’oublierai… toi. Je.. ne.. veux.. pas.. oublier. Je.. veux.. mourir.. digne »Comment pouvais-je refuser ? Comment pouvais-je la laisser décrépir et perdre tout ce qui lui était cher, tout ce qu’elle aimait ?Comme elle, cinq ans plus tôt, j’ai choisi. J’ai acquiescé … et elle m’a enfin prise dans ses bras.J’ai maudit tout ce que je pouvais maudire. J’ai maudit ce thaumaturge de toute mon âme, j’ai maudit le destin pour continuer à me priver de tout ce que j’aime. J’ai maudit le moment ou j’ai vu cette cage pour toute cette souffrance et dans l’instant j’ai maudit cette pensée stupide. Puis j’ai maudit ma fierté mal placée et mon ignorance. Moi qui me gargarisais de savoir tant de choses … je ne savais rien … Je n’avais servi à rien.Et elle m’embrassa tendrement sur la joue, le regard soulagé et débordant d’amour … Si, j’ai au moins servi à ça. À ce que sa courte vie soit heureuse et qu’elle se sente aimée. Le lui avais-je dit assez ? Pourquoi ne lui avais-je pas dit tous les jours que je l’aimais ?Son regard me dit qu’elle savait. Qu’elle n’avait pas besoin de mots. Et se penchant à mon oreille elle murmura : « Je.. t’aime.. Maman »
Partie Trois - Grand FourcheFatalité J’avais donc quitté Nexus … plus ou moins. Je n’étais plus en ville, mais je traînais dans les environs, gardant la cité en vue. Je crois que je n’arrivais pas à me faire à l’idée. Mon cœur résistait, espérait que cette perte insupportable n’était peut-être qu’un cauchemar dont j’allais me réveiller.Pourtant il était dangereux pour moi de rester là, car cet épisode presque aussi insupportable que le départ de Brume, ces deux mois dépravés et écœurants de mon autre moi, représentaient actuellement un sérieux danger. Le souci majeur étant que je ne me souvenais de rien … certes heureusement pour mon esprit j’imagine, mais malheureusement pour ma sécurité. Vu que certaines personnes reconnues comment descentes avaient sombré dans la dépravation, j’imaginais bien que j’avais une part non négligeable de responsabilité, mais qu’avais-je fait exactement ? Les enquêteurs du Concile et très probablement certain de mes collègues traqueurs qui seront engagés, trouveront-ils des indices pouvant m’incriminer ?Tout se simplifia de façon brutalement tangible environ un mois après mon ‘’réveil’’. La noire réalité me rattrapa et il fallut de peu pour que je relâche à nouveau Zetsubō.Le cauchemar dont j’espérais sortir devint ironiquement réel une nuit où je piquais un somme dans une grange d’un petit village de l’autre côté du fleuve Yanaze lorsque je fus réveillée par un murmure. Une forme fantomatique se tenait devant moi … Brume.Sous le choc, incapable de parler ni de réagir, je ne pus qu’écouter. Ce n’était pas vraiment elle, juste un ersatz qu’elle avait préparé.« Ma peluche adorée … Je suis tellement, tellement désolée. J’ai percé à jour les agissements de la Princesse et j’ai détruit ses pions, mais je n’arriverai pas à venir à bout de ce monstre qui a fait de moi celle que je suis devenue. Je regrette tellement la peine que je vais t’apporter, car si tu reçois ce message c’est que je ne pourrai plus te serrer contre moi. Ne me cherche pas, j’ai prévu ce qu’il fallait pour ne pas devenir une de ses esclaves. J’ai mis tout ce que j’ai trouvé sur elle dans notre cachette personnelle … Mais je t’en supplie, ne succombe pas à la vengeance comme je l’ai fait … Ne te laisse pas dévorer par la rancœur. Je t’aimerai à jamais. Ton Étoile »Et avant que je ne puisse lui répondre que je l’aimerais moi aussi toujours, la dernière étincelle d’essence de Brume Dansante se dissipa… Et le monde devint soudain bien moins joyeux qu’il ne l’était. Je ne sus que plus tard quej’étaisresté dans cet état second plus d’un mois et demi, dans ce brouillard gris et froid qui enserrait mon cœur et mon âme, mangeant à peine et dormant lorsque je m’effondrais de fatigue. Mais j’ai fini par revenir à moi lorsque, tombant de la rive que je n’avais pas vu, j’ai manqué de boire la dernière tasse.Je me suis traînée péniblement jusqu’à la berge… Sans savoir où j’étais. Ce sont des pêcheursqui, passant là quelques jours plus tard, m’apprirent que j’étais sur les rives de la rivière Avarice… Et à quelques jours seulement de Semaden. Mon esprit blessé et enfiévré, fuyant la douleur que représentait Nexus, m’avait ramené vers le seul autre endroit où je m’étais sentie chez moi. Mais c’est a ce moment que j’en vins à me demander si ce n’était pas moi qui avais tout gâché … moi et cette malédiction qui me poursuivait, cette fatalitéqui semblait prendre tant de plaisir à détruire tout ce qui comptait pour moi. Car s’ils m’apprirent que nous étions proches de Semaden, ils me firent aussi savoir qu’il ne fallait approcher de la ville car une épidémie s’y était déclaré il y avait presque six mois … à peine un mois avant le départ de Brume. Bien évidement, dès que j’eus la nouvelle je me suis précipitée vers Semaden. En arrivant j’eus deux surprises. Déjà, la ville avait presque triplé de taille depuis la dernière fois que mes yeux s’étaient posés dessus. Ce n’était pas étonnant en soi, vu que la Nouvelle Semaden n’était pas loin de fêter les 275 ans de sa fondation, plus le fait qu’elleavait bénéficié de la naissance et de l’essor de la Guilde pendant dix ans avant que Marst ne déplace son siège à Nexus.Par contre laseconde surprise, à laquelleje m’attendais malheureusement, fut l’odeur de mort que m’apporta le vent et la fosse commune qui avait été creusée à l’écart de la cité. Je vis d’ailleurs avec tristesse qu’une autre plus grande était en train d’être creusée non loin de la première … un très mauvais signe, car s’ils en étaient là c’est que les choses étaient loin de s’améliorer.Malgré mon désir d’entrer en ville et d’essayer par tous les moyens de leur venir en aide, un dilemme double s’opposait à moi. Double, car non seulement m’immiscer dans la vie de Semaden me posait un cas de conscience. J’étais restée une quarantaine d’année en bordurede la ville puis une trentaine dans la région, disons dans les deux cents kilomètres autour, et ensuitej’étais partie purement et simplement … depuis maintenant deux siècles. Je n’étais plus rien pour ces gens, même plus une histoire de grand-mère.Et ensuite un souci social, car non seulement je ne représentais plus rien pour ses gens qui avaient probablement oublié même les histoires parlant de moi, mais aussi parce qu’au vu du temple se dressant au centre de la ville, ils étaient toujours guidés par cette déesse un brin hautaine et qui suite à quelques prises de becs autrefois ne m’avait probablement pas vraiment à la bonne… Brume avait vraiment raison sur ce point,il fallait vraiment que j’apprenne à ne pas ouvrir la bouche que pour rabrouer les gens.Je pris donc la décision de commencer par faire ce que je savais faire … traquer. Je pris la forme d’un railleux, tristement nombreux dans cet endroit touché par la mort. Puis, je me mis à observer, analysant les moindres détails pour voir si la cause de l’épidémie était naturelle ou non. Il me fallut quelques mois pour en arriver à la conclusion définitive que c’était malheureusement naturel et que c’était une maladie malheureusement apportée par les marchands. Certes le siège de la Guilde n’était plus ici, mais Marst s’était assuré que sa ville natale reste fréquentée de façon régulière malgré un emplacement qui n’était pas optimal.Une épidémie avait apparemment touché certains villages de la Baie de la Malice au Nord il y a plusieurs années. La Guilde y avait vu une opportunité commerciale d’aider la région à se redresser pour commencer à s’implanter dans le Nord. Bien que la plupart de leurs transactions se soient déroulées après le gros de l’épidémie, il semblait que certains marchands avaient été plus gourmands et moins regardant sur le risque que représentait cette peste froide comme certain l’appelait là-bas … ils en avaient payé le prix de leurs vies, mais avaient contaminé Semaden et trois autres villages sur leur route. Après ma traque sur l’origine de l’épidémie, je me suis mise en quête d’un traitement … partout où je pouvais, mais rien n’y fit. Cette maladie était presque inconnue dans la Province des Rivières et personne ne savait trop comment la soigner. Quant au Nord, elle frappait en général à la saison de l’Air, lorsque le froid faisait se regrouper les gens chez eux. Et lorsque les beaux jours revenaient, seuls les plus résistants et les plus chanceux demeuraient.Ainsi, un an après ma rencontre fortuite avec le navire de pêcheurs c’est près de cinq mille habitants sur les, un peu moins de quinze mille que comptait Semaden et l’intégralité des villageois des trois autres petites bourgades qui avaient payé le prix de cet appât du gain … et les autorités n’avaient toujours pas trouvées le moyen d’endiguer la maladie.Assis à l’orée de la forêt dominant la ville. Je me morfondais en regardant le ciel, me demandant si j’allais devoir à nouveau contempler l’horreur de voir ce qui avait été ma cité, là où les descendant de ma famille vivaient, être éradiquée par la maladie sans que je ne puisse rien y faire et si j’étais capable d’encaisser une nouvelle tragédie aussi tôt sans sombrer dans le désespoir. Soudain l’étoile centrale de la constellation du Musicien scintilla … mon Étoile. Et la voix d’une certaine déesse s’éleva non loin de moi, vibrant de sa gloire divine et sa suffisance.« Lunaire … Nous devons parler »Bouclier d’un autre Jour C’est ainsi que j’ai rencontré en personne celle que les habitants de Semaden surnommaient Dayshield. Glorieuse déesse martiale prônant la victoire sans conflit par le jeu des discussions diplomatiques … si, si, elle y croyait encore à cette époque.Ce qui m’étonna fut plus le temps qu’elle mit avant de venir me parler, ou envoyer un messager comme autrefois. Après tout, je m’étais cachée aux yeux des mortels en prenant une forme de railleux ou de moi au masculin, jouant celui qui habite de l’autre côté de la ville. Je fus d’ailleurs très surprise du sentiment de sécurité et d’assurance que cela m’apporta … et pendant cette année de recherches et d’enquêtes cela commença à devenir une habitude. Mais je n’avais jamais réellement cherché à me cacher à son regard divin … encore fallait-il qu’elle le tourne ailleurs que vers les soucis actuels de Semaden.« Nous aurions besoin de votre assistance, Lunaire. Attaqua-t-elle d’un ton neutre, insistant sur ma nature.– Calibration. Rétorquais-je sur le même ton– Je … Pardon ? Je ne comprends pa…– Mon nom, je ne suis pas ‘’Lunaire’’. Appelez-moi Calibration.– … » Elle me lança un regard froid sans rajouter un mot … et ce fut notre premier échange, plein de savoir vivre et de civilité.Mais malgré cette première friction, Dayshield finit quand même, quelques jours plus tard,par m’exposer la situation et me demander si j’avais quelques informations que ce soit. Et je dois avouer que je fus estomaqué par la nouvelle. Les dirigeants de la cité, dépassés par l’épidémie qu’ils n’arrivaient ni à soigner, ni même à endiguer et qui les terrifiaient à cause des histoires encore très vivaces de la Grande Contagion, étaient en train de débattre sur le choix de l’exode.« Pour eux nous sommes trop proches de la Chasse Noire et de l’ancienne Semaden, m’a-t-elle dit. Ils voient cette épidémie comme un signe. Tant que nous resterons ici, les gens mourront.– J’imagine que savoir d’où elle vient, que ce n’est pas le Grand Mal et que c’est une maladie qui frappe surtout des communautés à l’hygiène et l’alimentation douteuse ne changera pas grand-chose ?– Avez-vous un remède venant de là-bas ? Une piste ?– Non. En un an de recherche je n’ai trouvé personne qui sache comment soigner ce mal.– Avez-vous des charmes permettant de soigner ce mal ?– Je suis … j’étais un traqueur d’ombres de Nexus. Je traque et je tue les êtres des ténèbres qui menace les mortels … je ne soigne pas.– Je vois. Je n’ai rien non plus pour les convaincre de choisir une autre voie. Ce sera donc l’exode » conclut-elle avec unregard et uneposture que je reconnus. J’avais trop souvent vu cette silhouette luttant pour ne pas se courber sous le poids de la défaite. Ces yeux ayant du mal à ne pas fixer se fermer plutôt que faire face à l’amertume de la réalité. Combien de fois avais-je surpris mon reflet portant ces expressions dans les flaques sombres des souterrains de Nexus, dans le poli du métal de mes poignards ou dans les yeux de ceux que je tuais pour le ‘’bien commun’’. Ah les Dieux et leur compréhension des mortels. Malgré ce qui semblait être une décision déjà prise lorsqu’elle m’avait exposé la situation, tout était encore loin d’être fait du point de vue des dirigeants. Il leur fallut encore quelques mois pour se mettre d’accord et voter l’exode, puis que cela soit transmit à la population et enfin qu’ils arrivent à faire face aux conséquences de ce choix.Certes entre la peur de la maladie et la rumeur de la malédiction, la plupart des habitants se demandaient déjà s’ils n’allaient pas partir … mais partir où ? C’est aussi la question que Dayshield et le conseil de la ville s’étaient longuement posé.Mais il y avait aussi les contestataires. Ceux qui s’accrochaient à ce qu’ils avaient malgré le risque par peur de l’inconnu et par peur de tout perdre. Ceux qui ne voulaient pas abandonner leur terre natale, leur terre où étaient enterrés leurs ancêtres. Et il y avait enfin ceux qui avaient un proche malade et ne voulait pas l’abandonner à son sort, car oui … partir pour fuir l’épidémie voulait aussi dire laisser derrière ceux qui étaient atteints … les laisser mourir. C’était horrible, mais c’était ça ou tous périraient. Vrai ou non, la population encore saine et les dirigeant en étaient persuadés.J’assistais alors en témoin privilégié, mais attristé, du courage qui avait autrefois permis à l’ancienne Semaden de survivre à la Grande Contagion, puis à la jeune nouvelle Semaden d’affronter les fae. Ceux qui ne pouvaient ou ne voulaient partir s’unirent et prirent l’incroyable décision de rester là, pour que le mal ne se répande pas, ni ne suive leurs familles et leurs amis qui avaient encore une chance ailleurs.Le désespoir que provoquait cette situation dans les cœurs peinés des deux groupes d’habitants devint vite insupportable pour moi. La situation m’attristait, mais avec mon inconfort grandissant j’en vins sombrement à souhaiter que tout se termine. Alors que décisions et préparatifs semblaient arriver à leurs termes, j’ai fini par aller parler directement à Dayshield, car certaines choses me chiffonnaient grandement.« Ont-ils une idée d’où ils vont s’installer ? Il y a encore de la place plus de deux siècles après la Grande Contagion, mais nombreux sont les endroits encore dangereux et fragiles.– Les discussions ont principalement tourné autour des plaines vers l’est et la Province des Rivières dont nous sommes à la frontière. Au nord nous serions trop proches des Linowans et du danger de leur guerre avec les Haltani. Quant à l’ouest, vers Sijan … L’idée n’a même pas été abordée.– Beaucoup se sont déjà installé dans la Province. Les terres sont riches et les rivières nombreuses permettent une communication facilité. Il ne va pas être si aisé de vous y faire une place, car même amoindrie, c’est une population importante qui va se déplacer. Cela va être long et ardu, entre enfants, vieillards et souffrants. Il va falloir aussi prévoir les risque d’attaques de brigands.– Tout cela a été évoqué et la décision a été prise malgré tout, mais … Peut-être pourriez-vous … Je sais qu’avant mon arrivé ici, vous êtes celui qui a protégé ces gens des Raksha et autres maraudeurs.– Vous voulez que j’assure la sécurité de loin ? Ils sont plus que capables de se défendre, non ?– Oui. Ces gens sont capables de se battre pour leur vie contre des brigands des routes, si ceux-ci sont humains.– Et ceux qui ont fait le choix de rester ? Ne méritent-ils pas la même chose ? Au moins jusqu’à ce que ce soit finit.– Cela a été décidé par tous. S’ils restent ils ne feront plus partie de mon …– Votre ? Où étiez-vous lorsque nous mourrions par million en priant les Dieux de nous aider ? Combien d’enfants pleurant leurs parents ? Combien de jeunes filles ont … non, vous ne pouvez pas comprendre, Déesse, ai-je dit en crachant presque sa nature.– Comment osez-vous me parler ainsi ? Je suis … s’emporta-t-elle, forcément.– Une opportuniste et une renégate céleste, rétorquais-je narquois.– Mais, je … je …– Vous n’êtes pas une Mère des Cités et de toute façon vous êtes bien trop puissante pour être née d’une communauté aussi petite. Malgré votre implication, vous ne faites pas trop de vagues donc c’est que vous voulez éviter d’attirer l’attention de Yu-Shan– …– Mais je ne suis pas si bien placé que ça pour ne vous faire que des reproches. Je suis moi-même arrivé que bien trop tard pour avoir le moindre droit sur cette cité. La seule chose qui me lie a Semaden, c’est le sang de ma famille que ma sœur y a apporté … et c’est pour ça que je vous aiderai. Je m’assurerais qu’il n’arrive rien lors de l’exode, mais je reviendrais ici régulièrement pour garder un œil sur ceux que vous abandonnez jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne et veillerais à ce qu’une ombre-terre ne se forme pas »Et sur ces dernières paroles autant acides qu’amères, je suis retourné ronger mon frein seul, à l’orée de la forêt … et après avoir entendu l’insulte divinement indigne, crachée entre ses dents par Dayshield, je fis la promesse à mon Étoile qu’à partir de maintenant j’allais apprendre à discuter sans agresser, même lorsque je ne suis pas d’accord avec mon interlocuteur.Les Trois C’est dans cette ambiance tendue entre moi et la Déesse des émigrants de Semaden, que nous prîmes la route vers l’est. Heureusement, je n’avais pas besoin d’être trop proche d’eux et encore moins d’elle pour accomplir mon rôle de gardien.Malgré tout, ça ne fut pas une mince affaire. Certes il y avait eu de nombreux morts de l’épidémie elle-même jusqu’au jour du départ, ainsi que ceux laissés derrières, mais cela n’en restait pas moins un groupe d’environs cinq mille personnes qui se déplaçait à travers les plaines et forêts du nord de la Province des Rivières. Cela ne passait pas inaperçu et si les brigands moyens trouvaient le morceau trop gros, les dangers surnaturels tournèrent vers eux des yeux affamés … ainsi que certains dangers naturels de grande taille. Et lorsque l’on se dirige vers les grandes forêts de l’Est, ces dangers deviennent plus nombreux.Ils prirent une route qui n’était pas assez souvent empruntée et cessa d’être en bon état au bout de quelques jours d’éloignement de la ville. Ayant prévu certains développements, ils restèrent là quelques jours et arriva ce qui devait arriver. Certaines personnes déclarèrent ouvertement les symptômes de l’épidémie. Que ce soit des gens qui ignoraient qu’ils avaient contracté la maladie ou les, heureusement rares, malades qui avaient simulé et insulté le courage de ceux qui étaient restés.À peine partis, ils firent déjà face à l’un des pires moments de ce voyage, humainement parlant. Le moment où il fallut ordonner à ces gens de rejoindre la cité pour y mourir.Je n’étais pas présent à ce moment, ayant préféré prendre les devant pour vérifier la zone autour de la route, plusieurs jours à l’avance sur les émigrants, mais le marasme désespéré qui se dégageait d’eux lorsque je revins était tellement violent que je suis resté à l’écart jusqu’à ce qu’ils repartent. La suite du voyage fut, comme prévu, lent et pénible. Les émigrants n’avaient pas assez de transports pour y mettre tout le monde et même en faisant des rotations, il devint très vite compliqué de gérer les plus lents. Pour ma part, ayant nettoyé leur route sur presque une semaine de trajet, je pris mon poste pour veiller sur la cité … et j’appris en écoutant les gens parler, pourquoi l’humeur des émigrants avaient été aussi insupportables lorsque j’étais revenu la première fois.Après ça, le premier mois fut pour moi une succession d’aller-retour entre l’avant du groupe des voyageurs et la cité … de moins en moins peuplée. C’était le moment que je redoutais. À chaque retour, certains des visages que j’avais appris à reconnaître n’étaient plus là et d’autre me semblaient faibles et épuisés. Sur les presque mille cinq cents personnes restées derrière, pas loin de mille moururent durant ces cinq semaines.C’est à partir de ce moment que j’ai décidé de me montrer à ceux qui restaient et fait revivre pour une dernière fois la légende que contrairement à ce que je pensais, quelques-uns connaissaient encore. J’ai veillé sur eux, je les ai rassurés et je les ai aidés à incinérer leurs morts … puis, lorsque le dernier ferma les yeux … j’ai laissé explosé toute ma rage, toute ma colère et toute ma douleur contenue depuis la perte de Brume … et je rasais une partie de la cité avant de rependre du sel sur ce que je n’avais pas brûlé. Le désespoir ne fut pas suffisamment fort pour me faire basculer et perdre le contrôle, mais assez fort pour que je prenne conscience que c’était la clé pour contrôler mon autre tiers … et de ce qui poussait en nous. Le voyage fut long et chaotique. Après un peu moins de deux mois de marche vers l’Est, ils durent changer de destination car une guerre avait éclaté entre Chute Grise et les clans et groupe locaux s’opposant à leur autorité, une guerre qui mènera au début de la formation de ce que nous appellerions les Cents Royaumes, cette zone réunissant je ne sais combien de domaines, royaume et autres, dirigées par des chefs, des roitelets et des nobliaux passant plus de temps à se faire la guerre qu’à faire prospérer leurs peuples.Soudain privé de destination, un nouveau conciliabule fut tenu et après des frictions houleuses, ils repartirent vers le sud-ouest, vers la Province des rivières.Après ça ils marchèrent près de quatre pénibles mois avant d’arriver en vu d’un endroit qui aux yeux des éclaireurs, et de tous ceux à qui ils en parlèrent, semblait parfait. Un emplacement riche en terre arables et à la jonction de deux rivières importantes de la Province. Le choix fait, ils durent affronter la difficulté de la traversée du fleuve Jaune, large de trois bons kilomètres à cet endroit. Trouver un moyen de faire franchir un fleuve au quatre mille et quelques personnes qui restaient après ces six mois de trajet fut un exploit logistique.Mais une fois toutes ces épreuves affrontées, ces drames, ces morts sur le trajet … une fois arrivé, ils durent faire face à deux problèmes majeurs. Deux problèmes sous la forme de deux autres groupes d’émigrants qui arrivèrent quasiment en même temps qu’eux et qui souhaitaient eux aussi s’installer à cet emplacement. Etautre problème s’il en est, ces groupes étaient dirigés tous deux par une divinité.Et c’est ainsiqu’étant toujours en avant-garde, fouinant et surveillant …et n’ayant pas vu l’utilité de me dissimuler à des yeux divins, je me suis fait repérerpar ces deux Dieux. Le Conteur d’Histoires Glorieusesguidant sur les routesavec ses histoires et ses chansons, un groupe de réfugiés fuyant la guerre dans l’est, celle-là même qui avait fait faire demi-tour aux émigrants de Semaden. Et àla Tisseuse de Rêves de Victoire et ses suivants venant de bien plus au sud et fuyant leurs terres et une famine provoquée par une invasion de sauterelles teinté par le Kaos et devenues venimeuses et un brin omnivore.Résultat, après m’être fait prendre à partie par le Conteur en personne, puis par la Tisseuse venue me faire part de ses revendications dans mes rêves… Je me suis retrouvé à l’insu de mon plein gré avec le rôle d’intermédiaire entre les trois divinités.Aucun des trois n’était un dieu belliqueux, il n’y eut donc pas de conflit armé … mais l’affrontement verbal fut impressionnant, intéressant et instructif à observer. Mais aussi intéressant que ce soit, au bout d’une semaine de blabla j’ai craqué et je suis parti explorer plus en avant la région autour de la zone où nous allions peut-être nous installer … Luna, que j’ai bien fait. Comment n’avais-je pas vu où nous étions ? J’imagine que cette année et demie de tristesse, de stress et de voyage en aller-retour n’avais pas aidé à me faire une bonne représentation du chemin et donc de l’endroit exact où nous nous trouvions … à moins de deux cents kilomètres du domaine de la Princesse !La réalisation fut suivie de rage, puis de panique. Il ne fallait pas que les groupes d’émigrants s’installent là ! Surtout pas !Je me fis donc un devoir d’exposer le danger mortel aux trois divinités et leur enjoint de reprendre la route… Mais ils refusèrent.Les trois groupes étaient épuisés et désespérés. L’endroit était vraiment parfait et leur dire de repartir aller finir de les briser, et potentiellement en pousser certains à la révolte. Les Dieux décidèrent donc de faire front, et face à cet ennemi commun ce fut la première alliance des trois. Et pour moi, puisqu’ils refusaient de laisser leurs gens souffrir à cause de cette saleté de Princesse Magnifique et que quelque part ce geste m’inspira plus de respect que tout ce que j’avais pu ressentir pour eux jusque-là, ce fut le moment d’affronter une ultime fois ma souffrance et d’aller ouvrir la cachette que je partageais avec Brume pour y récupérer ses recherches sur ce maudit Seigneur de Mort. Puisqu’ils voulaient lui tenir tête, autant mettre toutes les chances de leur côté et si Brume avait trouvé une piste … peut-être pourrais-je faire une pierre deux coups.La Légende de la Princesse Il était une fois une belle Princesse à la peau douce et pâle comme l’albâtre et aux lèvres fraîches et rouge comme le Corail.Nul ne connaissait la couleur de ses yeux, ni de ses cheveux probablement souples et soyeux, car la Princesse, timide, se dissimulait du regard des autres sous un étrange atour. Une robe faite des plumes de plus noires qui soient et surmonté d’une capeline rappelant la tête majestueuse d’un aigle royal, comme le port de la Princesse.Le mystère était entier et tous se demandaient pourquoi une femme aussi magnifique se dissimulait ainsi. Avait-elle honte d’une marque de naissance ? Avait-elle été blessé de façon infamante dans sa jeunesse ? Nul ne le savait et le secret demeurait total.Le temps passa et inquiétés par l’énigme de la Princesse, tous se détournèrent d’elle, la laissant plongée dans la solitude la plus totale. Peinée par cet abandon la souffrance de la Princesse ne fit que croître et se mua en désespoir et en haine. N’étaient-ils pas ses amis ? Ne pouvaient-ils donc accepter qu’elle ait un secret bien à elle, juste un seul, sans la délaisser ainsi ? Serait-elle donc à jamais seule ? À quoi bon vivre une vie de tristesse et de solitude … Et à la surprise de tous, la Princesse commit l’irréparable et se donna la mort.La triste histoire de cette Princesse Magnifique aurait pu s’arrêter ainsi, mais sa rancœur était trop forte. Pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi devait-elle mourir alors que ceux qui s’étaient moqués dans son dos, ceux qui l’avaient abandonné étaient bien vivants ?La Princesse, amère et inconsolable, n’arrivait pas à trouver le repos. Elle chercha, chercha encore et encore Comment soulager sa souffrance, comment alléger sa peine ? Son errance dans l’Outre-Monde lui parut une éternité, mais un jour elle se retrouva dans un lieu encore plus sombre et effrayant que tout ce qu’elle avait pu voir de sa mort ou de son vivant. Tout n’y était que ténèbres et cauchemars, peuplé de spectres décharnés et avide de l’essence des autres morts.Tremblante d’effroi, elle poursuivit malgré tout son chemin, suivant les voix qui semblaient l’avoir guidé jusqu’ici. Avançant toujours plus profond, écoutant ces voix de plus en plus claires … et sombrant dans l’oubli, plus jamais on ne revit la belle Princesse Il était une fois une sombre et mortelle puissance cherchant à se forger un royaume en Création. Souveraineparmi les souverainsdel’Outre-Monde, cet être n’avait que faire de diriger les morts. Revêtue de noir comme son cœur et à la voix aussi sanglante que le rouge de ses lèvres, cette puissancene semblait étrangement s’intéresser qu’aux vivants et chercha à se frayer un chemin vers la surface.Ainsi, en un jour funeste, des familles entières furent anéantiespar les flammes comme des offrandes funéraires dans un bûcher un peu partout à travers le monde et un noir palais apparu dans les terres de la Province des Rivières, au cœur d’une vaste ombre-terre.Inconscients du danger, les mortels ignorèrent ce que cet être tramait et petit à petit certains tombèrent sous sa coupe et commencèrent à rependre un culte mortifère à la gloire de l’Outre-Monde et de leur noire souveraine, la Princesse Magnifique aux Lèvres de Corail et Parée de Plumes Noires.Ignorant ce contre quoi elles lutaient, deux traqueuses s’attaquèrent au culte dans le but de le faire tomber et de sauver de nombreuse vies. Leur entreprise fut couronnée de succès, mais l’une des chasseresses était l’unique survivante du grand sacrifice et elle venait de tomber sans le savoir sur ce qu’elle traquait depuis des décennies, la cible de sa vengeance.Malgré le danger, elle risqua sa vie pour trouver un moyen d’abattre ce monstre. Elle y sacrifia tout. Abandonnant à contre cœur l’amour de sa vie, elle se lança dans une ultime croisade pour trouver le Secret et le cacher dans un endroit que la puissance ne trouverait jamais. Puis elle détruisit son être, plongeant dans le Lethe pour que ce monstre ne puisse détruire ce pour quoi elle avait luté. Il était une fois, trois Dieux guidant des peuples forts et fiers et souhaitant fonder une cité commune où tous pourraient vivre et prospérer. Ces Dieux étaient le Bouclier d’un autre Jour, guerrière impassible, protégeant de son égide les faibles et les démunis. Le Conteur d’Histoires Glorieuses, faisant s’arrêter de chanter les oiseaux et les feuilles dans le vent pour écouter ses balades, chantant les louange de son peuple tenant tête face à l’adversité. Et la Tisseuse de Rêves de Victoires, née des rêves des vainqueurs et capable d’agréger les espoirs de tout un peuple pour accomplir des miracles.Tous avaient abandonné leurs terres pour survivre à des catastrophes et avaient remis leur destin entre les mains de leurs Dieux bienveillants. Mais alors qu’ils arrivaient enfin en vue de la terre promise, un être malfaisant se dressait sur leur chemin.La ténébreuse Princesse Magnifique aux Lèvres de Corail et Parée de Plumes Noires, Seigneur de Mort et ennemi de Création rodait sur ces terres fertiles et accueillantes, essayant de corrompre des gens de bien pour souiller notre monde. Mais pour Création et pour leurs peuples, les trois Dieux firent front et se dressèrent contre l’abomination. Malheureusement, il était difficile de lutter contre un tel être, mais le destin vint en aide aux peuples en récompense de leur courage et de leurs souffrances.Par un glorieux hasard, ou la main des Vierges en personne, un enfant découvrit la cachette de la chasseresse. Seule une âme pure et innocente pouvait en percevoir l’accès, voilà pourquoi le monstre avait cherché vainement ce que sa noirceur lui cachait presque sous son nez.L’enfant risqua sa vie en s’égarant si près d’une l’ombre-terre, mais rapporta aux siens le secret de la Princesse sous la forme d’une histoire. L’histoire d’une Magnifique Princesse qui mourut dans la solitude et la tristesse, mais qui découvrit après sa mort qu’elle avait été trahie. Tous avaient cru qu’elle s’était donnée la mort, mais la pauvre Princesse avait été assassinée par ceux en qui elle avait autrefois confiance. Ces amis, jaloux de sa beauté et rongés par le désir de découvrir le secret qu’elle cachait sous ses atours avaient comploté pour la pousser au suicide et tout lui dérober.La haine sans borne qu’elle avait ressenti en découvrant cette immonde cabale avait détruit ce qu’il restait de son cœur et l’avait fait sombrerdans les ténèbres les plus profondes de l’Outre-Monde. Elle en était revenue changée et terrifiante, cherchant ceux qui l’avaient trahi. Malheureusement, trop de temps avait passé et ils avaient tous été emporté par l’âge, la guerre ou la maladie. Alors, pour assouvir sa vengeance par-delà leurs morts et en offrande à ses maîtres, elle avait fait massacrer leurs descendants.Mais l’héroïque traqueuseavait trouvé son secret, son point faible. La seule chose pouvant lui faire perdre la grâce de ses maîtres et la vaincre définitivement et à jamais et grâce à l’enfant ce secret était maintenant entre les mains des justes. Malgré tout, ils n’étaient pas ces Dieux guerriers et ils la combattirentdonc avec ses propres armes. Peur et croyances.Le Conteur et le Bouclier créèrent une histoire extraordinaire de lutte des justes contre le mal et de la défaite ultime de cet ennemiet la Tisseuse la partagea à tous, leur faisant vivre cette histoire dans leurs rêves, l’arrêtant toujours avant la fin.Rapidement l’histoire et sa rumeur se rependit et lorsque la Princesse en eu vent, la panique et l’effroi l’étreignit pour la première fois depuis des siècles. L’histoire devint lentement réalité et elle vit sa fin approcher. Comment ? Comment pouvaient-ils savoir ? Comment avait-il trouvé son secret ?Elle ne sut jamais si tout cela n’était qu’un mauvais rêve, car elle ne chercha jamais à le savoir. La Princesse Magnifique, la puissante Seigneur de Mort, serviteur des Non-nés et fléau de Création … s’enfuit. Était-cel’histoire qui avait pris assez d’ampleur pour lui faire peur à ce point, ou les informations qu’elle contenait étaient-ellesassez vraiespour la terrifier ? Jamais ils ne le surent, mais le mal avait fui la région et tous ensemble ils purent s’établir.Et c’est là, à la croisée des chemins des survivants de trois peuples, à la rencontre de la rivière Tumultueuse et du grand fleuve Jaune que fut vaincu un puissant ennemi juste par la force des convictions et l’héroïsmed’une traqueuse ayant tout sacrifié pour arracher son ultime secret à un ennemi au-delà de toute mesure, une Étoile les ayant guidés vers la victoire. Une Étoile qui des cieux avaitchuté pour bénir ceux qui le méritaient. En sa mémoire et celles de toutes les étoiles tombées des cieux pendant la Grande Contagion et la Croisade de Balor, l’enfant se renomma Chute d’étoiles Bénie.Ils fondèrent ainsi Grand-Fourche, la cité ou des Dieux et des Hommes se sont unis pour que triomphe la vie.Et plus jamais l’on ne revit ni n’entendit parler de la Princesse Magnifique aux Lèvres de Corail et Parée de Plumes Noires à la surface de Création, car elle savait qu’ici à Grand-Fourche, dans un coffret ouvragé qu’elle ne pouvait voir, son secret était détenu … son nom véritable et son cœur, noir et racorni que des larmes de pitié sincère, versées en prononçant son nom détruirait à jamais en l’emportant dans l’oubli.
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